Au lendemain de Noël, je m’envole pour la Tunisie. Un voyage très peu préparé, j’ai mon guide, une liste d’une dizaine de choses que je souhaite voir, mais aucun trajet de défini. Je profite d’ailleurs de mes derniers « moments d’internet » à l’aéroport de Toulouse pour consulter le site du gouvernement afin de savoir qu’elles sont les zones dites « à risque » dans le pays. De ma dizaine de choses à voir, il n’en reste finalement que 7…
Arrivé à Tunis, je cherche à attraper la navette pour le centre, en vain, personne ne sait me renseigner et suis contraint à prendre un taxi. Celui-ci a le compteur trafiqué et me fait payer 35 € une course qui en vaut 5… Lorsque je m’en aperçois, il est bien sûr, trop tard.
Petite virée en ville, c’est bruyant, salle, bordélique… N’étant, en plus, pas un grand fan des villes, je décide de laisser Tunis pour la fin de mon voyage si j’ai le temps.
Je prends donc un train pour Gabès. C’est une petite ville au centre Est du pays. Le voyage dure six heures.
Gabès
Il est 22h30, je n’ai pas réservé d’hôtel et commence donc à tourner dans la ville à la recherche d’une chambre. Grace à quelques Tunisiens qui traîne dans les rues, je trouve assez facilement un petit hôtel qui ne paye pas de mine, parfait pour la nuit…
Le matin, sous un grand soleil, je pars à la recherche d’un louage (minibus public) pour m’emmener à Matmata à une soixantaine de kilomètres.
Je suis alors confronté pour la deuxième fois à ce que je considère comme étant le défaut numéro un des Tunisiens : leur volonté de vouloir t’aider ! Oui oui ! Quelle que soit la question que tu vas poser à un Tunisien, celui-ci répondra, relativement sûr de lui, à ta question. Mais en réalité, il ne connaît pas forcément la réponse.
Je demande donc à la première personne venue, où se trouve la station de mini bus pour aller à Matmata. Le petit papy semble savoir et m’oriente vers un arrêt de bus. J’attends un moment, puis j’ai un doute. Je demande alors à une nouvelle personne, au cas où… Celle-ci m’envoie trois rues plus loin aussi convaincue que le premier. En effet, il y a une seconde station… Re belote, je trouve finalement la bonne station à la troisième tentative. Il va falloir être vigilant…
Matmata
Arrivé à Matmata, je sens la ville ultra touristique (même s'il n’y a pas grand monde à cette saison). Un gars m’accoste en mobylette et veut me transporter en échange de quelques dinars, en vain, forcément (je n’oublie pas mes racines). Je fais mon petit tour dans la ville, au musée, mange un bout il n’y a vraiment personne, le pied ! En fait si, il y a un inconvénient : le type à la mobylette ! Il n’a personne d’autre pour soutirer du fric et persévère encore et encore, mais on finit par s’amuser de la situation…
En milieu d’après-midi, je pars vers le sud, Tataouine. Le trajet en louage est déjà long, mais le paraîtra encore plus, car il y a beaucoup de barrage militaire (la zone sud du pays est étroitement surveillée). On s’arrêtera deux fois pour un contrôle de papier.
Tataouine, Ksar Ouled Soltane, Chenini
Arrivé à Tataouine, j’apprends que les excursions dans le désert au départ de la ville sont interdites jusqu’à nouvel ordre… Un peu déçu, je trouve un petit hôtel et vais manger un couscous dans un petit restau (pour panser mon chagrin).
Une nouvelle nuit fraîche s’annonce (un peu comme toutes celle que je passerai durant ces dix jours) chaussettes, polaire et le bonnet péruvien sont de rigueur (huumm sexy !)
Le lendemain matin, je pars pour Ksar Ouled Soltane. La route est sympa et j’arrive dans ces fameux greniers à nourritures… Une nouvelle fois seul, j’en profite pour grimper un peu partout et profiter du soleil matinal.
Je fais ensuite le tour du petit village et vais me poser à un café à l’entrée de la ville pour attendre un nouveau mini bus.
Retour à Tataouine puis direction Chenini, une petite cité fortifiée sur flanc de colline. Il fait toujours très beau, l’endroit est magnifique malgré un vent chaotique.
Retour au camp de base, je prends un sandwich au passage et direction Matmata. Oui à nouveau ! Le but étant de partir dans le désert, mais par le haut cette fois puisque l’Est est interdit.
Medenine > Metameur > Matmata > Douz > Ksar Guilane
Je remonte en louage à Medenine mais là, impossible d’aller plus à l’Ouest. En fait, c’est une autre région et aucun minibus n’est autorisé à faire le trajet. Je marche donc 7 km et m’arrête dans un ksour « réhabilité » en hôtel. Je mets des guillemets, car le confort reste très rudimentaire : eau froide, « chambre » exposée au vent et donc du sable un peu partout. Mais ça donne du charme à cet endroit et les gens y sont très accueillants !
Le soir, je vais traîner dans le village, je m’arrête dans un café et y passe la soirée à discuter avec le boss, grand fan de courses hippique…
Le lendemain matin, je reprends ma marche vers l’Ouest en faisant du stop. Sans grand succès, je passe mon temps à doubler un Belge à vélo qui me double lorsque je suis à nouveau à pied. Des sauts de puce donc qui me feront marcher près de 3h. Arrivé à Matmata, il me faut encore partir plus à l’Ouest. Mon copain à la mobylette est toujours là et essaye de me trouver une voiture (pour gratuit, je crois).
Après 40 minutes sous une pluie fine, je suis pris par Ali, un Tunisien qui vit à Boston au Etats-Unis. Il va lui aussi à Douz (ma prochaine étape) et son neveu, qui vit là-bas, et va régulièrement à Ksar Guilane « la porte du désert » apporter de la nourriture aux campings de la ville. Coup de bol donc, le soir même, je serais à destination : 300 km dans la journée.
En attendant le départ pour Ksar Guilane, Ali m’emmène voir sa famille. Toujours très accueillant, on me propose à manger : couscous à 16h ! La maison d’après, on me propose aussi à manger, je dis que je n’ai plus faim et là, cinq minutes après, un gros plateau plein de biscuits, gâteaux et jus de fruit arrivent… Bon bah, je vais remanger…
Ksar Guilane
En fin d’après-midi, on part pour Ksar Guilane et deux heures après on est au déseeeeeeert :
Ah oui, j’ai oublié, il fait nuit…
Je vais manger au restaurant du camping et discute avec des Japonais qui repartent le lendemain. Après le repas, je vais dans le bar du camping où je discute là, avec des Tunisiens, tous travaillant dans le coin, soit dans le tourisme, soit dans le transport de nourriture comme Keis, mon conducteur. Les gars boivent pas mal de vin et je me fais offrir pas mal de verre, mais retourne sagement à mon lit.
Réveillé à 7h par le froid et l’excitation d’aller voir le désert, je sors la tête dehors et rien d’autre qu’un gros brouillard épais…
Déception, mais un brouillard ça se lève (normalement), petit dej, tranquille. 9h, je décide d’aller faire un tour dans les dunes en espérant que ça se lève. Je suis des 4x4 (qui deviennent juste des traces) puis vois au loin, sur une dune, des silhouettes. J’avoue avoir un peu hésité à y foncer tête baissé, mais finalement, c’est ce que j’ai fait. En fait, ce sont des touristes à dromadaire qui font une pose. Le tunisien propriétaire des animaux me propose de faire un petit tour.
Comment faire du dromadaire gratos !
Ajouter une légende |
Après ça, je m’enfonce un peu plus dans les dunes puis retour au camping sur les coups de midi.
Je n’aurais finalement vu qu’une petite partie du désert. Les grosses dunes se trouvant beaucoup plus loin, pour y aller, il faut être plusieurs, sans ça, les prix grimpent très vite. Pour cette fois, je devrais me contenter des dunes de trois mètres de haut…
Je mange puis repars avec Keis jusqu’à Douz et monte en louage à Tozeur nouveau camp de base pour la suite du voyage.
Tozeur
Tozeur est une grande ville, il n’y a pas grand-chose à y faire en particulier, mais c’est le point de départ qui nous emmène à la frontière avec l’Algérie.
Je me lève assez tôt pour partir à Chebika, le souci de la proximité de la ville fait qu’il y a beaucoup de touristes venu faire leur sortie du jour… Il y a plein de petits tunisiens qui vendent des pierres, un peu collants, je leur dis gentiment que j’ai 10 kg sur le dos, je ne vais pas finir de le remplir avec des cailloux ; )
Le cadre est sympa, je me balade en grimpant à droite à gauche…
Pour aller plus proche de la frontière, je fais du stop. On me prend alors jusqu’à Tamerza, je marche pas mal et me fais prendre à nouveau jusqu’à Mides.
Mides, c’est un petit village bâti au bord d’un petit canyon dont les habitants se servaient de protection contre l’envahisseur.
Il n’y a plus grand monde, le gens n’allaient pas forcément plus loin que Chebika et c’est tant mieux. Un nouveau tunisien veut me vendre un truc : la descente dans la gorge ! 8 € ! Sur le principe, ça a l’air cool, mais 8 € merde ! Je trouverai bien le moyen d’y aller tout seul même si le gars me dit qu’il faut « connaître ».
Le cadre est vraiment apaisant, je fais le tour d’un côté du trou, mais le fond m’intrigue toujours. Je trouve finalement un petit chemin pour y descendre (héhé !).
Je suis le petit cours d’eau au fond des gorges, mais finalement, celui-ci devient trop important et bloque le passage. Le Tunisien me disait que la rando faisait une boucle, il y a forcément un passage.
J’essaye deux trois endroits sans succès. Je vois finalement un petit chemin dans la paroi, renforcé de quelques pierres posées par l’homme pour permettre l’ascension. C’est là !
Je remonte assez loin du village, voit un berger au loin et suis le bord du canyon. Je passe ensuite dans le petit village en ruine, sans grand intérêt et repars directement à Tozeur.
Ah oui, on est le 31 décembre ! Un des buts de ce voyage était de fuir les 31 décembre français qui sont généralement plutôt moyens… Bon, j’avoue que celui-là, je ne le sens pas trop. La ville ne m’attire pas plus que ça, les musulmans ne sont pas à fond non plus…
Je mange un bout puis tente les cafés, le premier, rien de super. J’arrive dans un deuxième, les gens boivent au taquet, ça pue le tabac, les serveuses sont un peu trop pulpeuses à mon goût (pour pas dire grosses et habillé comme des chag**ses ! ). Je me fais accoster par un Tunisien, plutôt gentil mais fort bourré. On parle de tout et de rien puis il veut m’emmener en boîte en mobylette. Heeuuu s'il avait 3 grammes en moins pourquoi pas, mais là, c’est tendu quand même. Je repars donc en ville trouver autre chose.
Au détour d’une rue, j’entends de la musique, assez forte. C’est un spectacle de danse avec que des femmes, enfin, c’est ce que je vois en tirant la bâche. Ce que je ne vois pas (et n’entend pas) c’est le gars derrière moi qui gueule de ne pas entrer. Il me tire violemment par le bras, m’engueule en arabe et me dit de dégager. On s’embrouille un peu puis je repars direction un salon de thé. Il y a une sorte de « 120 minutes de bonheur » à la télé, sans images « drôles » mais avec de la danse… Bon, j’avoue, je me suis grave fais chier !
Toutes les photos de l'article au lien suivant :