30 août 2018

Amérique du Sud #20 De Potosi à La Paz (Bolivie)





Uyuni

     Uyuni est le premier « vrai » village bolivien foulée par les roues de mon vélo, je retire de l'argent (je n'en avais jamais réellement eu dans ce pays), j'achète une sim et un peu de crédit pour donner signe de vie. J'en profite pour passer un coup de karcher à ma monture pleine de sel, fais quelques courses et trouve refuge dans un terrain vague en périphérie de la ville où les voisins me donneront du thé et des sandwichs. 

Uyuni – Potosi


     La route est vraiment jolie, tant pour les paysages que pour le revêtement (asphalte, tu m'as manqué pendant ces 300 derniers kms!). Je trouve sur la route deux Autrichiens avec qui, même si on n'a pas le même rythme (eux sont plus rapides), on se retrouvera à dormir dans les mêmes villages... Et c'est, malgré le soleil, peut-être mes nuits les plus froides du voyage (les Autrichiens me diront la même chose), je dormirai parfois tout habillé..


Une vallée en "V", comme c'est original...

Ici, j'ai eu froid...

Potosi


     Si Uyuni était le premier village, Potosi est la première ville, et quelle ville ! C'est un véritable choc après ces quelques semaines dans la campagne bolivienne. La ville en escalier est un enfer pour les vélos et la pollution des vieux véhicules japonnais n'arrange pas les choses. Les gens ne respectent rien au code de la route et se contentent de klaxonner pour avertir de leur présence... Je trouve refuge pour la nuit à la police et repars aussi tôt le lendemain après une rapide visite du centre-ville.


La conduite des Boliviens

     Même si je m'étais préparé psychologiquement à pire, les Boliviens ont une façon de conduire très spéciale. Les lignes blanches existent mais ne sont que très peu respectées. Ainsi, un bus peut doubler un autre bus en plein virage et si quelqu'un arrive en face, ils ne vont même pas klaxonner, ça leur parait normal de piler comme des demeurés. Dans les villes, c'est celui qui fait le plus de bruits qui passera le premier et le klaxon est omniprésent dans la conduite (ce qui est très fatiguant). Je suis surpris de ne voir aucun accident en 1 mois et demi, de mon côté, c'est casque en permanence et par chance, les routes goudronnées ont une banquette souvent bien large.

Retour à la vie végétale et animale Ma dernière nuit à 4000 m se fait dans un centre de santé. Je fais vérifier mes dents, qui parfois me font mal, mes doigts, qui comme à l'époque d'Ushuaia, souffrent du froid en formant des sortes de cloques. Je me rends compte que j'ai perdu 10 kilos en seulement deux mois ! (c'est loin d'être une bonne chose, un mec d'1m90 qui fait 65 kilos). Mais je mange bien et en quantité donc je ne m'inquiète pas. Rien de grave donc, je redescends dans ce que j’appellerai un vrai lieu de vie : des mouches, des fourmis ainsi que des arbres et leurs ombres bien plus bucoliques aux arrêts que les panneaux signalétique... La chaleur également, fini de pédaler en doudoune toute la journée, place au t-shirt et au short !

Sucre

     J'arrive en milieu de journée chez Eva, Beymar, Gaston et Noriel dans la capitale de la Bolivie (et non, La Paz n'est pas la capitale et donc, le record de la capitale la plus haute du monde, bah c'est du flan !).

Je reste finalement quasi une semaine en leur compagnie à partager expériences, sourires et repas (je me tenterai une nouvelle fois aux steaks de lentilles appris à Salta). Je visite le centre, la maison de la liberté (musée du pays en général) et traîne beaucoup, beaucoup de temps dans les rues car ici, il n'y a pas de magasins spécialisé genre Décathlon, un grand magasin qui vendrait des vélos avec tous leurs accessoires, Sucre c'est : la rue des ateliers de vélo, la rue des motos, la rue des fruits et légumes, la rue des babioles en plastique. Il y a même la rue des funérailles où les cercueils (vides heureusement) sont entreposés sur les trottoirs...

 

Ici, contrairement à l'Europe, impossible d'acheter de la qualité via la marque (c'est peut-être pas une mauvaise chose). Je voulais changer ma lampe frontale PETZL (marque très connue), on me montrera une frontale d'une marque lambda à 10€ (une PETZL coûte 25 / 30€ minimum) en me disant que c'est « professionnel ». Perso, c'est peut-être vrai mais j’attendrai quand même une PETZL... Beymar lui, cherchait une tente, ce même vendeur lui en propose une à 12€ « étanche » sachant qu'elle n'a qu'une toile, c'est physiquement impossible une tente imperméable à une toile... Bref, compliqué pour un occidental de s'y retrouver...

Pinopolis

     Durant ma semaine à Sucre, j'aurai la chance de partir le weekend à 200 kms de là, à Pinopolis ! Pinopolis, c'est le nom qu'on donné Eva et Beymar au bois qu'à hérité ce dernier. En réalité, ce n'est qu'après le décès de son père qu'ils ont planté les pins. Car oui, c'est des pins à Pinopolis ! On passe le weekend dans le petit village à côté, une sorte de communauté vivant de leurs récoltes. Je me prends un peu pour Frédérique Lopez avec mes questions - Et que penses-tu de la vie en ville ? - Penses-tu que tes traditions vont se perdre ? Bon, c'est pas les Masaïs non plus, ils vivent plus ou moins comme nous, ont des téléphones, l'église, l'école mais on sent quand même une volonté de ne pas suivre « l'occidentalisation » comme on la connaît et comme les Sucreños la connaissent...


Sucre – Cochambamba – La Paz

     Une douzaine de jours pour 700 kms plutôt compliqués, beaucoup de cols à 4000 mètres, le retour du froid et des rayons qui cassent qui m'obligeront à faire 15 kms de stop. Les paysages sont sympas mais pas extraordinaires, pour les rencontres, je reviendrai sur les suivantes :

Choco (ville d'Aiquile)
   Le gérant du petit atelier où je fais réparer le vélo. On sympathise pour finalement m'inviter à dormir. Même si ça ne m'arrange pas du point de vu des kms, je ne peux pas refuser. À noter, le papy de 65 ans qui après m'avoir vu la veille, me suivra une vingtaine de kms le lendemain après avoir traîné dans la ville à ma recherche !


La famille de Rosilla (ville d'Arani)
   Arrivé en fin de journée dans la ville, je vois une petite maison abandonné dans un terrain vague. Je demande à dormir dedans pour la nuit : « Hors de question ! », je dormirai dans le bar à chicha (à prononcer tchitcha). C'est un alcool de maïs. Sur le papier c'est génial mais les Boliviens, en remerciement de la pachamama, avant de boire (cul sec), jette le breuvage sur le sol. L'odeur de l'alcool dans la pièce est limite soutenable, mais c'est aussi ça le voyage... Il faut savoir s'adapter, l'alcool dans le ventre m'aura un peu aidé, je crois...

Une rencontre décevante (Calamarca)
   Le centre de santé m'envoie vers le prêtre du village pour dormir. J'y explique que je ne souhaite pas utiliser d'argent pour l'hébergement car cela représente une part trop importante que sur la durée de tant de temps de voyage, je ne peux pas supporter. « pas de soucis », il me le répétera plusieurs fois. Jusqu'au soir ou après m'avoir « invité » à manger trois pauvres patates et un bout de fromage, il me dit que l'église et jésus ont besoin d'argent et qu'il serait bien venu de donner 2 ou 3 € (c'est quasiment le prix d'un hôtel en Bolivie). Me disant ça juste avant d'aller me coucher, je relève sans épiloguer mais y réfléchis et trouve ça un peu maladroit de demander après avoir fait le discours de « oui, les prêtres, on aide car c'est dans notre nature d'aider autrui sans compensation en retour et blablabla ». En plus de ça, il est vraiment spécial comme gars, il me racontait qu'il rigolait d'une Allemande qui s'était énervé quand il lui avait dit « t'es la fille d'Hitler ? ». Quand j'y demande la raison de son engagement au sein de l'église, il répond « c'est tranquille, trois messes par semaine et c'est tout » en plus du « mais c'est l'Afrique qui a gagné la coupe du monde, ils ne sont pas français les joueurs »... Bref, poliment, je prépare un sac nourriture d'une valeur de ce qu'il demande mais le lendemain alors qu'il m'assurait qu'il se levait à 6h tout les matins, à 8h00, quand je pars, toujours personne... Je repars avec mon sac de bouffe au guidon... Tant pis pour lui et pour moi, j'aurais bien voulu lui expliquer le fond de ma pensée...


Un restau sur la route
   Je m'arrête pour demander des restes de nourriture, à l'intérieur du mini restaurant, une vieille dame et sa fille. -Vous avez un fusil ? Me demande-t-elle. Malgré mes régulières visites au régiment pour y demander l'hospitalité, mon vocabulaire sur le sujet est pauvre : -Oui, un fusil ! Me répète-t-elle en faisant un geste qui me fait comprendre le mot -Heu non, pourquoi j'aurai un fusil ? Elle me raconte une histoire qu'à la grande ville de Cochabamba, elle aurai vu un « gringo » avec un fusil dans le taxi dans lequel elle se trouvait et que depuis, elle a peur des blancs croyant qu'on a tous un fusil. Elle reste relativement ouverte à la conversation, j'y explique mon parcours, ma façon de voyager et que non, je n'ai pas de fusil. Elle m'offre un fond de soupe et en partant, aillant apprécié son ouverture d'esprit, j'y offre une petite tour Eiffel en porte clé. - J'ai pas de fusil mais j'ai un petit cadeau pour vous remercier ! Bon, ici en Bolivie, il faut souvent expliquer : C'est la tour Eiffel, le monument le plus visité du monde et un des emblèmes de la France. Elle paraît toute contente, le montrant à sa fille, lisant le petit « France » sur une des faces de la babiole...


Le harponnage !! (photo non disponible pour raison de sécurité !)

      Pratique découverte en lisant le livre de Sylvain Tesson « on a roulé sur la terre ». Le principe, s'accrocher au camion dans les montées comme le fait le remora sur les requins dans l'océan.

Pour un bon harponnage, il faut :
-Un camion bien poussif dont je suis capable de suivre l'allure (bien que moi-même en sur-régime lors de l'harponnage).
-Un bas coté suffisamment large et en bon état. 

La pratique : Le camion passe, je le rattrape m'accroche au câble de sa bâche (à l'arrière à droite). C'est là le plus physique car si les jambes sont au repos, le bras gauche prends cher, je le mets au repos en pédalant (d'où l'intérêt d'avoir un camion qui ne va pas trop vite...)

Je fais deux harponnages, un de 5 kms (je le perds sur une descente) et un de 1 kms seulement (problème mécanique, il s'arrêtera sur le bord de la route). Le troisième, raté, en mettant des habits dans mes sacoches, un camion passe. 100 mètres de retard à 20 kms/h sur un faux-plat montant (à 4000 mètres). J'arriverai à 20 mètres de lui mais n'arriverai jamais à l'attraper... #déception


La Paz

     L'entrée en ville se fait plutôt tranquillement par des routes larges ou d'autres sans trop de trafic. Au détour d'un virage, une vue impressionnante sur la cuvette citadine remplie de millions de points orangés : La Paz ! Dans la descente, les freins fumant contre la jante, le voilage de ma roue arrière s'amplifie jusqu'à ce que le pneu finisse par toucher les freins déjà ouverts. Je termine les 4 derniers kms à côté du vélo pour ne pas aggraver l'état lamentable de la roue.


Casa de Ciclista

      C'est dans l'antre des cyclovoyageur que je trouve refuge. Cristian, le propriétaire du lieu m'aide énormément à savoir avec qui prendre contact car mon cercle de roue n'est pas courant en Bolivie. De tout mes appels, on ne me propose qu'un cercle au bon diamètre, mais plus étroit et avec seulement 32 rayons contre 36 pour mon ancien.

Je trouverai mon bonheur dans la graaande foire d'El Alto, la ville qui est en quelque sorte autour de la cuvette et en hauteur donc (d'où le nom). La foire est impressionnante, des centaines de rues avec de tout et UN stand avec un cercle comme le mien ! La Casa de Ciclista me fera connaître quelques voyageurs en vélo dont Nacho et Simon rencontré il y a un an et demi, en mars 2017 au sud de la carratera austral au Chili !! Hasard plutôt impressionnant du fait de la lenteur de nos voyages, je ne suis pas le seul à prendre mon temps sur la route et eux également ont beaucoup travaillé en Argentine...


Et La Paz c'est beau ? Bah non ! Mis à part les points de vu sur cette immense fourmilière avec en toile de fond les montagnes enneigées (ça c'est impressionnant), le reste est sans intérêt et ce ne sont pas les fœtus de lamas vendus au « marché des sorcières » qui me font changer d'avis (non, j'ai pas pris de photo mais croyez-moi, c'est moche...).



Le style racaille a visiblement traversé l'atlantique...

Une expérience donc cette ville, j'ai eu de la chance d'y être pour ma réparation de vélo et ai rencontré de bonnes personnes avec qui je pourrais faire une portion de route par la suite... La suite donc, c'est le lac Titicaca et le Pérou à quelques 200 kms (je passe la frontière par le nord du lac).

Et celle-ci va me durer jusqu'à la fin du voyage !!
La nourriture :

     Je termine ce long article plein de blabla par mon point de vu su la cuisine Bolivienne. J'ai trouvé énormément de diversité tout au long de la route. Certes les gens au quotidien mangent souvent la même chose mais en voyageant, j'ai goûté plein de trucs ! De le viande de lama au sud, du cochon, du poulet, de la vache avec du riz, des pâtes, du quinoa, de la semoule plein de pomme de terres différentes, du maïs de toute les couleurs (même du violet sucré en soupe froide au petit dej!). Pour finir, peut-être le plus important pour un français, LE PAIN ! Bon, il y a les traditionnelles « tortas », mini pain rond se trouvant visiblement partout en Amérique du sud mais aussi et surtout les maraquetas qui ressemble franchement à ma définition du vrai pain :


J'espère que ça existe également au Pérou ! En attendant, cela fait 12 600 kms au compteur !


Toutes les photos de l'article au lien suivant :



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