30 avril 2019

Amérique du Sud #31 Côte Nord Ouest Venezuela


      Arrivée un peu spéciale, à la frontière, les policiers me posent beaucoup de questions d'où je vais dormir, le comment du pourquoi du voyage, que soit disant, la frontière avec le Brésil est fermée, bref, premier contact avec les forces de l'ordre et je ressens de suite leur côté "cow-boy qui se la pète"

Ils me laissent finalement passer et aillant entendu énormément de fois que ce côté-là de la frontière est dangereux, je décide de monter dans un pick-up pour aller à Maracaibo, seconde plus grande ville du pays située à une centaine de kilomètres.

Le choc est bien là, je suis dans un autre monde : des Chevrolet en piteux état de tous les côtés, sur la route, un blocage de gens manifestant contre les coupures de courant et surtout, la garde nationale ainsi que la police tous les kilomètres qui arrête les voitures pour vérifier leur contenu et surtout soutirer ce qu'ils peuvent...

"Ha mais c'est pas comme ça dans ton pays?" me demandent les autres passagers, je réponds "non, la police ne vole pas les citoyens, ni dans mon pays, ni dans aucun pays d'Amérique du Sud d'ailleurs" (bon j'exagère un peu, j'ai écouté quelques histoires de la sorte en Argentine par exemple)

Le décor est planté, bienvenue au Venezuela !

      Si je devais expliquer brièvement la crise du Venezuela (en tout cas de ce que j'y comprends), je dirais :

Lorsque le président Chavez est au pouvoir jusqu'à sa mort en 2013 , le Venezuela est un pays "socialiste" qui s'en sort relativement bien économiquement (même très bien).

Le souci majeur est que son économie, justement, est basée exclusivement sur le pétrole (c'est le plus grand pays producteur du monde) et importe tout le reste. Si le pays quelques années avant la mort de leur président, donnait l'illusion  de prospérer, il vivait en fait au-dessus de ses moyens profitant d'un contexte économique favorable dû à un fort coût du pétrole résultat des guerres menées au Moyen-Orient par les États-Unis. 

En 2013, le successeur de Chavez, Maduro, reprend le flambeau de ce qu'on pourrait appeler une patate chaude car le baril est déjà descendu bien bas et ça sent pas bon.

2018 : Le peuple gronde, l'opposition n'est pas très convaincante et incite la population à s'abstenir aux élections anticipées (le gouvernement en place auraient empêché les opposants à se présenter).

Les pays voisins sont depuis tous bien à droite (Argentine, Chili, Équateur, Colombie, Brésil...), ils couperaient leurs échanges avec le pays. Les états unis eux, principal acheteur du pétrole vénézuélien, réclame le changement de pouvoir à coup de sanctions économiques comme de le pas vouloir vendre les pièces pour réparer les réacteurs cassés déclenchant des coupures électrique dans tout le pays.

Économiquement, l'état à fait une hyper inflation de 10 000 000 de % précipitant encore plus le pays dans la merde, car les billets ne servent plus qu'à se chauffer, les nouveaux eux, sont rares et tout le monde paye par carte rendant les coupures d'électricité d'autant plus apocalyptique...

Maracaibo

      Via un groupe Facebook / WarmShowers je rencontre Angel, il dispatche les voyageurs en fonction de ses connaissances et est tout content de me faire rencontrer Timothée, le directeur de l'Alliance Française depuis près de trois ans.

Il fait nuit lorsque l'on se rencontre et me dit sans détour : Tu ne voyagera pas au Venezuela !

Il faut dire que Maracaibo, deuxième ville du pays est touché de plein fouet par la crise. Avec du recul et écrivant ce billet étant déjà au Brésil (oui spoiler, je suis toujours en vie !) c'est vraiment dans le Zulia, région de Maracaibo que la situation été la plus difficile. 

L'électricité se coupe et reprend toutes les 6h (en théorie), la ville est mal foutue et malgré le vent, les gens étouffent sans climatisation, la dépendance à l'argent,  comme dans toutes les grandes villes se fait beaucoup ressentir et les délinquances sont monnaie courante...

La queue devant une banque pour retirer l'équivalent de 1 dollar (maximum autorisé par jour). Attention à la coupure de courant...

Je passe 3 jours dans la seconde ville du pays dans une atmosphère de guerre tant les rues sont vides et les gens cloîtré chez eux. De mon côté, je m'occupe entre traîner avec Angel et ses potes ainsi que quelques passages à l'alliance française à la rencontre des étudiants...


Il nous regarde constamment...

Malgré l'insistance de Timothée, je décide de continuer la route et de traverser le Venezuela. Je trouve son discours extrêmement alarmiste et je suis en contact avec 2 couples d'argentins qui sortent tout juste du pays sans y avoir rencontré le moindre problème. Eux et Angel me donnent d'ailleurs beaucoup de contacts sur la route.

Il faut noter que c'est en quelque sorte une destination de "voyageur" plus que de "touriste" (ce qui explique en partie nos différents points de vu avec Timothée). Pas de retrait possible aux distributeurs pour les cartes étrangères, je ne pourrai certainement pas compter sur les paiements par cartes, je rentre avec le vélo plein de bouffe, (3 kilos de riz, 2 de lentilles, épices, 500 g de lait en poudre, 1 kg de céréales...) 35 euros en monnaie locale et 80 dollars en billet de 20.

Maracaibo - Coro - Pueblo Nuevo 

      Le départ se fait en début d'après-midi après un ultime passage à l'alliance et un passage à l'église, Timothée insiste pour y prier à mon voyage et m'offre un pendentif de la "chinita" la sainte locale...

Je pars donc décoré de la protection divine et si ça me protège des éventuels voleurs, il n'en est rien pour le vent de face !! Les deux jours sont compliqués de par le vent donc et une chaleur monstre rendant la plage horaire 11h - 15h à un supplice !

Pour arriver à l'heure annoncée à Coro (et par flemme je l'avoue) je fais du stop pour les 60 derniers kilomètres (je reviendrai sur les stops au Venezuela un peu plus loin)

Je retrouve Jesus (rencontré via le même groupe Facebook que Angel à Maracaibo) qui me redirige vers un ami à lui, Regulo, pour m'accueillir dans sa maison. Il se trouve qu'il est également propriétaire d'une petite maison dans la montagne et me propose d'y aller faire un tour les prochains jours.



La maison est charmante, l'endroit, très calme, parfait pour s'y reposer... J'y rencontre Noelis, Adriane et Santos avec qui on partage quelques bons moments souvent autour d'un bon repas d'ailleurs, car en effet, les gens de la campagne souffrent bien moins que ceux de la ville notamment du fait qu'ils peuvent cultiver leur petit potager en plus d'avoir des poules ou autres vaches...



Coro - Guacara 

      Les stops et les militaires 

      Ici au Venezuela, il est très courant de "demander la queue", oui c'est comme ça qu'on dit ici "pedir cola" lorsqu'on fait du stop. Mieux encore, il est commun de demander aux policiers ou bien à la garde nationale de nous chercher un véhicule alors qu'on attend sagement sur le côté de la route.

Si ma première tentative le stop s'était faite en moins de 5 minutes, lors de ma sortie de Coro, ça à été une autre paire de manches...

J'attends alors depuis bien 30 minutes lorsque les policiers supposé me trouver une voiture sautent tous les 5 à l'arrière d'une camionnette !! Je comprends que les équipes tournent et en attendant la nouvelle équipe, je fais le stop moi-même.

Vient finalement la deuxième équipe, avec Mr Acosta, bien fier de me montrer son nom brodé sur son uniforme en me disant que c'est lui qui trouvera ma voiture ! Je suis bien dubitatif vu le jemenfoutisme dont il fait preuve...

Il est près de 14h je me mets à l'écart pour manger ma gamelle de riz.

Arrivent 3 policières regardant comme un extraterrestre 

- Qu'est ce que tu fais ??
- Je mange (ça ce voit pas connasse ?!!)

Arrive très rapidement Mr Acosta, il me regarde manger et me lance "J'ai faim !". Les militaires demandant avec plus ou moins de diplomatie tout et n'importe quoi à la population, je comprends qu'il veut la becquet, j'y réponds froidement 

- Moi aussi j'ai faim, c'est pour ça que je mange... 
- Tu vas bien m'en donner un peu ?! Ose-t-il me demander 
- Non 
- C'est pas comme ça qu'il va te trouver une voiture, me rétorque une policière
- Ah, c'est comme ça que ça marche ici ? (faisant semblant d'être étonné)
- C'est pas comme ça que ça fonctionne dans ton pays ?
- Non, dans mon pays, la police est au service du peuple et n'y demande rien pour ses services...

Le type ne se démontant pas : Allez, une cuillère !

Ça en est assez, je remballe tout et reprend ma route face au vent ne disant pas un mot... (ma diplomatie m'a bien étonné d'ailleurs...)

En ce qui concerne la route, rien de bien particulier, c'est plutôt monotone, toujours bien venteux et c'est là, levant mon verre de lait en poudre que je fête le passage des 20 000 kms... (oui, j'ai pas de champagne...)


Morocoï 

      C'est le samedi de la semaine sainte que j'arrive au parc de Morocoï. C'est bondé, pluvieux et je ne comprends pas la superbe réputation qu'à ce parc tant il me déçoit. Les gens me parlent de plages un peu plus loin sur lesquelles je me rends à pied mais c'est réellement naze.


Après de bonnes rencontres qui compensent un peu, je repars le lendemain vers Guacara et la maiso  de Aire et Luis.

Guacara et Morocoï (à nouveau)

      Aire et Luis sont un couple de cyclovoyageur, ils ont principalement voyagé au Venezuela et préparent désormais le tour de l'Amérique du Sud (original...)

On passe près d'une semaine ensemble à visiter famille et amis ainsi que le parc de Morocoï, la partie cachée ! Car contrairement à ce qu'on me disait lors de ma première visite, le véritable intérêt et une autre entrée qui amène vers des plages paradisiaques et désertiques cette fois ! Plein de petits îlots sont également accessibles avec des petits canots mêmes si le temps n'est toujours pas avec moi...



On fait une dernière soirée arepas chez Saoul, un ami du couple (et accessoirement le propriétaire du manguier sur lequel j'aurai mangé mes meilleures mangues) puis je reprends ma mule le lendemain en direction des terres vénézuéliennes, 

Ciao les Caraïbes qui ne m'ont pas offert beaucoup de soleil, je choisirai mieux ma saison la prochaine fois !!

Au compteur 20 200 kms...


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