08 juin 2019

Amérique du Sud #33 Amazonie (Brésil)


      200 kms me séparent de Boa Vista, première vraie ville. La saison des pluies est bien là, je "vis" sur mes dernières réserves de nourriture (plus les mangues cueillis sur la route) et ne tarde pas.


Je trouve refuge sur la route, chez les gens même si je ressens une certaine distance comparé au Venezuela où je n'avais pas le temps de dire le mot "tente" que j'avais déjà l'accord de la planter et un café entre les mains...

En parlant avec les gens, je me rends compte du racisme "anti-vénézuélien" dont la venue n'est pas désirée par tous et me sens malheureusement obligé de rajouter "je suis français" lorsque je demande un toit, du pain ou des légumes...

Boa Vista

      Julian et Marta, qui avaient traversé le Venezuela, me l'avaient dit "tu vas être trop heureux de retourner dans un supermarché une fois sorti du pays!!". Si je trouvais ça exagéré il y a deux mois, c'est en fait une totale réalité !

Du pain, des lentilles, des haricots, des biscuits... Vive la société de consommation XD

Dans la rue, je rencontre Gabriel, vénézuélien, il m'invite chez lui, ce qui me plaît bien, car la ville ne me paraît pas très sûre pour y planter la tente... Je reste deux nuits, ce qui me laisse le temps de reremplir mes sacoches. On va même à l'église évangélique, tout le monde chante c'est plutôt cool, le lendemain, c'est chez une amie à lui que nous mangeons...

Boa Vista - Manaus

      Près de 800 kms séparent les deux villes, j'ai une moyenne d'une centaine par jour, dormant principalement chez l'habitant brésilien et vénézuélien (c'est chez les Vénézuéliens que je rencontre la pour couveuse de chiots...)


C'est le début de la saison des pluies mais à part une ou deux averses par jour, le ciel se découvre vite séchant mes habits en un rien de temps et laissant apparaître de jolis paysages à moitié inondés...



Les grandes plaines faisant place à la fameuse jungle amazonienne, c'est là que je passe une nouvelle fois l'équateur avec un bâtiment un brin moins clinquant qu'à Quito...


Le paysage se présente de la manière suivante : la route, sur chaque côté des fermes et plus loin, la forêt


Sinon, beaucoup d'oiseaux, principalement à l'aube et au crépuscule, des aras jaunes et bleus et des petits perroquets jaune et vert.



Le soir, j'arrive jusqu'à l'entrée d'une réserve indigène, sur une station service, je vois un mec typé européen et y lance mon plus beau "boa tarde" frolant, je pense, la quasi-perfection et me répond "Salut!"

L'histoire ne dit pas si c'est mon drapeau français qui l'a orienté sur mon origine ou bien si mon accent est vraiment à chier...

Vu l'état de mon drapeau, je crois que je peux encore m'entraîner...

Jérémy est français, il parcourt l'Amérique du Sud en voiture depuis un an et demi (avec sa copine qui est retournée en France il y a peu). Il m'invite à manger plein de produit de la métropole et c'est cool ! Lui aussi à voyagé à vélo il y a quelques années et il comprends certainement mieux que quiconque le bonheur que j'éprouve ! Pain, emmental, sauce pesto, le lendemain matin c'est yaourt, muesly et Nutella...

Il cherche des conseils pour se rendre au Venezuela, à la Gran Sabana sans que personne sache vraiment lui répondre sur l'état de la frontière entre autres. Après ça, il partira vers la Guyane en passant par le Guyana et le Surinam afin de voir le décollage d'Ariane 5, j'y reviendrai plus loin, mais il a mis une graine qui germera le lendemain : pourquoi ne pas faire un détour Belem - Cayenne c'est peut-être pas si loin ?


Réserve de Waimiri Atroari

C'est un peu un mystère cette réserve, j'entends depuis toujours qu'il ne faut pas y dormir et que les indigènes tuent et volent les passants. Je comprends pas pourquoi le jour, les gens seraient bons, ne tuerait personne et la nuit, tel des loup-garous se changeraient en criminel...

Le truc étant que la route traversant la réserve fait 120 kms et que j'ai pas trop envie d'expérimenter le faux du vrai de mon paragraphe précédent donc je ne traiterai pas...

Les photos y sont interdites, il n'y a rien à voir en réalité sinon des arbres qui bordent la route et des panneaux qui disent "ne tuez pas notre faune locale"...

Un truc attirera mon attention, un bruit, comme du vent qui souffle très fort dans les arbres. Je pense à un sanglier mais on m'apprendra plus tard que c'est en réalité des sortes de singes hurleurs.

Je sors en milieu d'après-midi de la réserve, la route devient lassante, les pentes sont plus marquées, la chaleur écrasante. Le surlendemain, arrivé à Presidente Figuereiro, je croise un couple de Brésiliens voyageant à vélo qui me disent avoir un camion pour leur faire faire les derniers 100 kms... Marché conclut !

Manaus

      Le camion arrive seulement vers 11h, il était chargé de pierres, donc bien lent lors des fameuses montées, il crève un pneu et nous laisse à l'entrée de la ville de peur que son chef le surprenne transportant du monde. C'est seulement à la tombée de la nuit que j'arrive chez Diego, rencontré via Couchsurfing.

Terminant son travail à 20h, c'est Claudette, sa maman, que je rencontre en premier, elle est rigolote même si on ne se comprend pas toujours... Diego arrive donc un peu plus tard, il est de la police et prépare un examen dans la biotechnologie.


Je visite le centre-ville à pied puis refais un tour à vélo le lendemain, j'aime bien l'endroit, il y a pleins de petits parcs et l'atmosphère du port et du marcher est impressionnante de vie...





À un magasin de vélo, cherchant des freins coûtant plus cher que 0.80 centimes d'euro la paire (me faisant penser que c'est de la merde), je rencontre un papy cycliste bien exubérant qui insiste pour me suivre dans les magasins, me parlant à une vitesse telle que je ne comprends rien, mais vu que le gars est un moulin à parole, des sourires acquiesseurs suffisent amplement...

Le portugais

      L'apprentissage est plutôt compliqué, j'espérais comprendre plus de choses mais si les gens parlent lentement, on se comprend et c'est déjà énorme. Cela est quand même frustrant car les conversations avec les locaux s'en tiennent souvent aux questions de base alors que j'aime bien partir sur des sujets un peu plus technique comme la vision de la vie, la politique...

Pas de problème avec Diego qui parle couramment l'espagnol et a même de bonnes bases de Français ! Il espère d'ailleurs venir en métropole dans les prochaines années pour le perfectionner.

Je profite de mon retour dans un pays qui n'est pas en crise pour exercer mes talents de pâtissier, Banana bread et Crumble, les basiques pour remettre la main au fourneau... (pas très frenchies mes spécialités...)

Lors de mon dernier soir, Diego m'amène au centre commercial manger un bout puis à la terrasse d'un café où nous buvons quelques bières accompagné de musiques brésiliennes bien entraînantes, je trouve l'ambiance vraiment sympa !!

On a pas autant bu que le couple de devant...

Manaus signe le début des vacances à durée indéterminée pour le vélo ainsi que de mes mollets... Au programme, plus de 1000 kms sur un hamac à attendre que le temps passe admirant le paysage du fleuve le plus long du monde...

C'est après les aurevoirs aux parents de Diego, armé d'un nouveau compagnon de route à mon pauvre drapeau en lambeau que je me dirige vers le port.


Le fleuve Amazone, Manaus - Santarem

      C'est un peu plus de 24 heures qui sont nécessaires à rallier les deux villes, le paysage est surprenant, le fleuve sur ce tronçon faisant autour de 5 kilomètres de largeur, on se croirait sur un lac. Sur les rives, on aperçoit la végétation, dense et impénétrable de la forêt amazonienne...


Le bateau est composé d'un étage d'objets à transporter (voitures, machine à laver, matériel de construction, vélo de voyage...) et au-dessus, deux étages de crochets où les gens viennent accrocher leur hamac.


La nuit en hamac...

      C'est un défi que je repousse depuis le Nord de la Colombie où l'on m'a proposé de nombreuses fois de suspendre mon hamac. J'ai toujours repoussé l'échéance autant que j'ai pu craignant la nuit de merde et puis enchaîner sur un jour à vélo, le risque me semblait démesuré...

Mais ça y est, elle est là, la belle nuit de merde à dormir deux heures... Je trouve pas ma position, je me pose plein de questions sur la suite du voyage, une grosse averse réveille tout le monde vers 3 heure du matin...

L'avantage principal aux nuits blanches sur un bateau et de pouvoir profiter pleinement du levé de soleil et j'ai plutôt été servi...

 



J'avoue pester à ce moment-là contre la piètre qualité des photos que fait mon téléphone et si j'ai une autre nuit blanche à penser à tout et n'importe quoi, je réfléchirai à comment retrouver un appareil photo...



Alter do Chão

      C'est À Santarem, je sors du bateau vers 15h et pédale jusqu'à Alter do Chão, l'endroit est tranquille et je dors, conseillé par la police, sous un abri à côté d'une place.


Le lendemain, je traîne dans le village et rejoins l'autre rive d'un cours d'eau à l'aide d'une petite barque. Je monte sur l'unique colline profiter de la vue.




Malheureusement, c'est encore la saison des pluies et les plages de sable fin qui borde normalement la côte, est encore enseveli... Je me satisfais de voir un joli petit village qui a les pieds dans l'eau...



Le fleuve Amazone, Santarem - Belém




Santarem, en attendant le bateau...

      Deuxième partie de mon périple sur le fleuve, le bateau est un peu plus petit cette fois, rien de bien différent... La durée, elle est bien plus longue, près de 40 heures et deux nuits en hamac au programme. Je prendrai d'ailleurs ma revanche sur ce dernier en dormant 8 heures consécutives et me réveille plutôt fier de mon grand pouvoir d'adaptation, certainement bien aidé par la fatigue accumulée ces derniers jours...




Si les premières heures, le paysage est bien similaire à la partie Manaus - Santarem, à l'approche de l'estuaire, le décors est tout autre, c'est un véritable labyrinthe de rivières qui s'ouvre devant nous...


On se retrouve alors à naviguer à quelques mètres des maisons sur pilotis et surtout de cette faune abondante bien souvent inexplorée. La lumière est somptueuse, l'endroit sortie d'un autre monde... Je profite...




Au compteur : 22 600 kms

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