01 août 2019

Amérique du Sud #37 Des Lençois à l'île de Guajiru (Brésil)


      Deux jours après avoir quitté Sao Luis, me voilà à Barreirinhas. La route, encore une fois, bien monotone, m'a fait accepter le stop proposé par Jérémy pour les 100 derniers kilomètres. En effet, avec son 4x4, le bougre me rattrape toujours, allez savoir pourquoi ?!

Je me rends à l'auberge d'Alexandre, il doit avoir la soixantaine bien tassée, autant de cheveux que moi, mais lui a décidé de se faire des dreadlocks... Il est inscrit sur Warmshower et laisse le fond du terrain aux voyageurs à vélo gratuitement, le petit-déjeuner en prime... Que demander de plus ?

La ville de Barreirinhas ne présente rien de particulier sinon d'être le point de départ d'excursions dans les Lençois Maranhenses. C'est un désert où la saison des pluies forment des lacs d'eau douce entre les dunes de sable.

Les possibilités sont nombreuses : survol en avion, tour en 4x4 jusqu'à certains lacs et rando de 1 à 5 jours... C'est sur les conseils d'un brésilien et d'une Française de l'auberge que je choisis la marche et je suis Leelou (la française) jusqu'à Atins, supposé être le point de départ des treks. Au village, on me dit de "former un groupe", c'est mignon, mais je vais pas attendre trois jours et décide de marcher jusqu'au point de départ réel des randos à six kilomètres de là. Ces quelques kilomètres faisant partie des treks, une fois sur place, je n'aurai qu'à trouver un groupe pour m'y rajouter.


C'est ainsi que je me fais accepter le soir même par un groupe de six français, ils sont ici pour quelques jours, tous étudiant dans le Sud du Brésil. Pour économiser un peu, j'emporte ma propre nourriture et mon hamac.

Lençois Maranhenses

      C'est un parc national très peu connu des Européens, en effet, on entend du Machu Pichu Péruvien, du Salar d'Uyuni Bolivien, de la Patagonie... mais rien sur ce parc qui restera clairement dans le top cinq des endroits que j'ai visités en Amérique du Sud.

À la première auberge, le personnel est super cool, lorsque je cuisine, ils me posent des questions, rigolent avec moi (ou de moi ? ^^ ), aillant super faim, je me fais une grosse assiette de riz, ils m'offrent des haricots et du poisson à la coco. J'avais faim, je n'ai plus faim :)

Le jour suivant, avec le groupe, on attaque le trek. Le courant passe bien, seule ombre au tableau, le guide, il parle très peu et reste loin devant nous sans attendre les derniers... Lors des repas, il reste dans son coin, fume beaucoup de joints sur la rando ce qui le rend parfois bien stone...

Le guide... XD



Bref, on fait notre petite vie entre français, il était également censé nous accompagner pour le coucher de soleil, mais restera dans les bras de Morphée... On se disait que vu qu'on passait notre temps à le critiquer, on n'avait pas le temps de se chercher des poux entre nous...





Les oiseaux sont bien vénèr :/

Le cadre est exeptionel, l'eau est turquoise et comble du bonheur, elle est douce et n'hésitons pas à plonger dans ces lacs éphémères que la saison sèche emportera dans quelques mois.





Après presque deux jours de marche, nous arrivons à Lagoa Bonita, c'est en réalité une zone de plusieurs petits lacs, un des spots qui sont remplis de touristes deux fois dans la journée (matin et soir), nous sommes arrivés juste entre les deux groupes. L'endroit est désert et les traces de pas du groupe du matin ont disparus depuis longtemps.

C'est tout simplement magnifique :


Après une grosse sieste, nous remontons sur les dunes pour le coucher de soleil. L'endroit se retrouve noir de monde cassant la magie de quelques heures auparavant.


Ça reste pas dégueulasse non plus...

Barreirinhas

      C'est un nouveau retour en France qui se profile, pour un gros mois cette fois-ci. Je suis large en ce qui concerne le timing. Le vélo restera à Fortaleza où se trouve Daniel. C'est l'oncle de Vitoria, voyageuse à vélo rencontré dans le Nord argentin un an plus tôt et avec qui on a gardé contact. J'ai du temps devant moi, je profite du confort d'une auberge pour régler deux trois trucs sur le vélo, laver mes affaires et me reposer pendant deux jours.


Jijoca

      De nouvelles heures de pédalage, globalement inintéressantes, me font rejoindre Jijoca. Sur les conseils de Julian et Marta (le couple d'argentin mainte fois évoqué), je fais escale à l'hôtel d' Avila, maître de capoeira et motard à ses heures perdues. Pendant les vacances scolaires il reçoit ses élèves et leur fait faire des activités. Aujourdhui, ils vont au lac du paradis et m'invite à me joindre à eux. Les enfants ont de 7 à 15 ans, on passe une bonne matinée dans l'eau à faire des jeux. On fera même un tour de bateau avec leur voile triangulaire typique...

À midi, les enfants partis, on fait un barbecue et buvons quelques bières... Le climat se tend lorsqu'il évoque un ami à lui brésilien qui vivait en France. Celui-ci serait revenu au Brésil car la France se ferait bouffer par les musulmans et le socialisme...

Ici et comme souvent en Amérique du Sud, le socialisme c'est Maduro, Chavez, Morales ou Castro... Portant le même nom, ils s'imaginent que François Hollande fait partie du gang !

Avila m'avance que la France est donc en crise depuis Hollande, je tire un peu la tronche face à ces stupidités et prends conscience à quel point les médias peuvent influencer une population (depuis l'an dernier, le Brésil ont un président très très à droite...)

Bref, je cherchais du volontariat durant une grosse semaine pour m'occuper et améliorer mon portugais... Je ne traînerai finalement pas trop ici même si sa femme est tout simplement adorable avec moi !

Chez les gens...

Jericoacoara

      C'est la destination touristique du coin, à quelques dizaines de kilomètres de Jijoca où je laisse mon vélo au camping d'Avila. C'est présenté comme une plage "paradisiaque" pleine de touristes... C'est bien plein de touristes, mais pour le côté paradisiaque... c'est un brin exagéré...

J'ai caché la queue de touristes qui attendent patiemment de se prendre en selfie...




Je traîne un peu dans les rues, esquivant les rabatteurs insistants de tours en quad, de restaurants et autres hôtels... Arrivé sur la plage, je pars pour une rando et je recroise des Français voyageant au Brésil. On s'était croisé quelques jours plus tôt à une station service où j'allais passer la nuit, on restera ensemble quelques heures avant que je retourne chez mon hôte pro Bolsonaro de Jijoca

Ilha de Guajiru

      J'avance encore un peu vers ma destination finale de ce chapitre-ci du voyage. J'ai encore une bonne semaine à tuer et souhaite réellement faire du volontariat pour améliorer mon espagnol. Et c'est souvent là, comme écrit dans un grand livre que tout s'ordonne, presque de manière surnaturelle... Sur la carte, je vois un petit village où il est indiqué, deux hôtels. C'est un détour de seulement 5 kilomètres par rapport à la route principale. Je prends quelques réserves de nourriture la ville faisant office d'embranchement de la déviation et, apercevant une petite place, je m'y arrête pour checker Internet. En m'éloignant pour jeter une peau de banane, je vois un blond, bière à la main faisant de tour de ma diligence. "J'ai toujours voulu voyager comme ça man !" Me lance t-il en anglais. En me demandant ce que je fais là, j'y explique que j'ai du temps devant moi et comptais aller sur la plage chercher du volontariat. "Tu es tombé sur LA bonne personne ! Mais avant, vient boire un coup avec mes amis". Adrien est Anglais avec un faux air de Boris Johnson plus pour sa nonchalance que pour son physique, quoi que ?! Il a investi dans un terrain où il compte construire un hôtel et connaît tout le monde.

Après quelques bières, il se donne pour mission de me trouver du travail et un toit pour la prochaine semaine. Mission réalisée avec brio, je me retrouve chez Mariana et Domi, un couple argentino-allemand, ils montent leur hôtel restaurant. Ça s'est pour le toit, niveau boulots, ce sera garçon de café avec Alan et peintre/barman avec Thomaz.



Garçon de café

      C'est dès le jour suivant, le dimanche, que je me rends au bouiboui d'Alan. Juste avant d'arriver, j'espère secrètement qu'il n'y aura personne, par peur de l'inconnue je pense. Je rencontre Bruno en train de sortir les chaises "Cool, Alan n'est pas là, il n'a peut-être pas averti que je venais"...- Alors, c'est toi le cycliste ? Passe moi les chaises s'il te plait... Raté, il va falloir bosser... Bruno m'explique qu'en fin d'après-midi, un petit groupe vas faire un concert, c'est LE jour d'affluence de cette petite cahutte de bord de plage. Il m'explique les grandes lignes de la journée, je sais pas trop ce que l'on va me faire faire et après notre discution, bah j'ai toujours pas compris en fait ^^

Viens ensuite Stephen, lui sera mon comparse de la soirée, en effet, je m'aperçois que Bruno est en réalité aux fourneaux. Une première table s'occupe, Stephen m'invite à aller prendre la commande. Il faut savoir que je ne connais strictement rien aux alcools d'ici, pareil pour les choses qui y sont servis pour manger... J'ai juste lu la carte en diagonale... C'est le grand bain, je me lance...

- Bonjour, qu'est-ce que vous allez prendre ?
- Bonjour, un cardápio s'il vous plaît.
- Un seul ?
- Oui, ça suffira...

J'ai bien retenu le nom et le nombre de la boisson demandée m'imaginant une bouteille d'alcool fort à partager.

Ils veulent un cardápio ! Dis-je tout fier à Stephen. C'est à ce moment-là qu'il me tend le petit livret de la carte du restaurant... Solitude...

La suite se passe bien, on se répartit les tables avec Stephen puis avec Hector, un troisième garçon de café. Les clients sont cools (patients) et il n'y a pas de gros relou bourré.

Plus tard, en fin de soirée, Stephen me tend un grand seau rempli de glace. Il me parle, je ne comprends rien, mais en déduis que je dois vider la glace sur la plage.

Je ne sais pas trop où, je me dirige vers un petit muret, le sable se trouve un mètre cinquante plus bas.

Je m'exécute et balance le contenu du seau.

Un fracas énorme, des bières étaient à l'intérieur, une douzaine peut-être et 4 d'entre elles ont totalement explosées, les autres gisent dans le sable entouré d'eau gelée.

Le seau était destiné à une table de Stephen...

Me sentant tout con, je remets les bières non explosées dans le seau et retourne au bar.

Je crois que j'ai fait une connerie ! Dis-je en voyant Alan !

Il sourit, m'aide à remplir une nouvelle fois le seau qui trouvera finalement sa place aux pieds du groupe d'amis...

À la fin de ma soirée, Alan m'offre à manger et 10€, je trouve le geste cool, je ne demandais rien...

Un autre soir, en semaine, il m'invite à manger des brochettes, me raconte un peu sa vie, son passé, que deux fois, des gens ont tenté de le tuer, que son affaire ne marche pas énorme et que son neveu, Stephen est trop fainéant à ses yeux... Je trouve ça étrange cette relation de confiance qui s'installe très rapidement chez les gens ainsi que chez moi-même et qui nous fait nous ouvrir à l'autre aussi facilement...

Peintre

      Le lendemain, c'est au bar de Thomaz que je vais me salir un peu. Au programme, peindre ses nouvelles tables ! Il est brésilien et a ouvert l'endroit il y a 10 jours à peine. Même si j'insiste pour échanger en portugais, il parle bien anglais, ça aide pas mal pour ma compréhension, pas de grosses boulettes à l'horizon...


Le deuxième et dernier jour de peinture, il m'invite à venir boire "quelques" caipirinhas le soir... Je finis en étoile de mer dans ma tente à ronfler...


Durant mes deux derniers soirs, je passe y "filer un coup de main" derrière le bar. Il m'apprend à faire les fameuses caipirinhas, j'en bois plus que je n'en fait, mais reste raisonnable cette fois-ci...


Fortaleza

      Les trois derniers jours se font sous un soleil de plomb, vent de face (l'avantage c'est que ça rafraîchit...), je fais là connaissance de Daniel, l'oncle de Vitoria donc, croisé en Argentine (non, je ne fais pas de fautes, c'est bien Vitoria).

Je n'ai pas réellement le temps de partager avec lui et sa famille que je prends l'avion pour Paris le soir même... C'était sans compter l'annulation du vol, mais ça, c'est une autre histoire...

Au compteur : 24 200 kms


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