30 novembre 2019

Amérique du Sud #40 Minas Gerais- État de Rio (Brésil)



C'est dans l'état d'Espiruto Santo que ma route dévie de l'interminable route 101. Ce détour m'amènera jusqu'aux villes coloniales du Sud de l'état du Minas Gerais.


La route devient bien vallonnée, et je suis surpris de voir... des blancs ! C'est bête car je l'ai entendu plusieurs fois "dans le sud il y a beaucoup de descendants européens" mais voir un petit blond aux yeux bleus me parler portugais, ça fait son petit effet. Exactement la même chose qu'au Surinam quand une personne typé indienne parle hollandais...

En parlant des Hollandais, j'ai appris un peu plus tard que ces "blancs" étaient justement des descendants des Pays-Bas, installé avant l'arrivée des portugais et qu'au débarquement de ces derniers, ils ont fui dans les montagnes.


Bref, j'avance dans ce que je considère réellement comme un nouveau pays, je cravache un peu à monter et descendre les vallées (ça reste correct, entre 500 et 1500 m environ), les cultures sont celles d'un climat plus tempéré (tomates, oignons...), beaucoup de scieries sur le bord des routes... Un vrai nouveau monde !

Me réfugiant sous les arbres lors des averses, je cueille des "mûres d'arbre" et en fait de la confiture...

Pedra Azul

Petit arrêt touristique avec la "pierre bleue" donc, je trouve une station-service super cool, les gens sont tous adorables et vue imprenable sur la pierre! J'y laisse les sacoches et monte à vélo jusqu'au pied de la pierre.


Son nom est dû à la couleur bleu de sa robe... Je trouve ça un brin tiré par les cheveux, mais effectivement, une teinte bleutée apparaît parfois suivant l'angle de vu et celui du soleil...


Je retourne à ma station-service me reposer pour le lendemain.

Il fait beau, plutôt chaud, les oiseaux chantent quand dans une petite montée, un mec vient vers moi, un peu affolé et me demande si j'ai un couteau. Il a une camionnette floquée d'une entreprise de batteries, bien habillé, je ne sens pas de danger et y donne mon joli couteau Laguiole. Là, il ajoute "y'a un mec séquestré là-haut" me montrant un point un peu plus haut sur le colline.

Même sensation que lorsque j'ai vu ce petit Hollandais parler portugais, le cerveau comprend, mais il bugue !

Je suis attentif, je suis le gars qui se dirige dans l'ombre d'un grand panneau publicitaire où effectivement, un mec est assis, les mains dans le dos bloquées par un serreflex.

Il le libère, le mec est un peu déboussolé, indemne, ce qui n'est pas le cas de sa voiture, cent mètres plus loin qui termine de se consumer (un règlement de compte certainement donc).

Je récupère mon couteau qui a une drôle d'histoire à son actif, propose de l'eau au gars et à manger (un restau auquel je demandé de l'eau ma offert une grosse boîte de nourriture, je gardais la surprise de l'ouverture pour le dîner... oui je m'éclate sur la route). Il ne veut rien, les bandits lui avaient donné à manger et à boire, lui laissant même une petite bouteille d'eau (qu'il ne pouvait d'ailleurs pas ouvrir...).

Conclusion, je retire ce que j'écris un peu plus haut, ils sont blancs mais je suis bien toujours au Brésil, pas de doute...

Les jours suivants se ressemblent, entre montées et décentes, soleil et très grosses averses. Je délaisse un peu les stations-services, parfois trop espacées et du fait que le relief rend mon "amplitude kilométrique" moins importante. Cela me permet de partager quelques moments chez des locaux et c'est bien sympa.

Mariana

      Premier arrêt touristique des villes coloniales. J'imaginais un petit village perdu dans les montagnes mais c'est une grosse ville qui m'ouvre ses bras.


Les façades blanches, les contours des ouvertures colorés, des églises à tous les coins de rue, la patte portugaise (velue hihi!) est bien là, pas de doutes.



Il est environ 15h lorsque je quitte la ville, il pleut et décide de trouver une station-service pour dormir. Problème, malgré l'enthousiasme du gérant pour mon voyage, il me dit que c'est compliqué, qu'il y a des caméras, que la police... bref, il me dit d'aller au terminal de bus, pareil, mauvais plan, je me résous à commencer la route vers Ouro Preto.

Il n'y a aucune espèce d'habitation sur le bord de la route et me tape 7 kms de montée non-stop sous des trombes d'eau. Arrivé à destination, les maisons sont toutes collées, elles n'ont pas de jardin, bien compliquer d'y planter une tente. Plus tard sous un semblant d'éclairci, je demande le gîte aux pompiers, nouveau refus...

La nuit commence à tomber, je continue un peu et demande à un policier où est-ce que je peux camper : À côté de l'église, c'est sûr là-bas, pas de souci !

J'attends que la nuit finisse de tomber, pas de douche ce soir, nettoyage aux lingettes bébés, comme à l'époque des températures négatives de l'Altiplano, un souvenir dont je me serais bien passé de renouveler...

Réveil dans les nuages au côté du seigneur...

Ouro Preto

      Je me retrouve très tôt en ville afin d'en arpenter des rues bien trop raides pour le faire à vélo. Hier, c'était la fête d'Halloween, certains titubent d'un air sérieux, d'autres se prennent la tête à deux mains assis sur un trottoir... Certaines choses sont internationales...




Je laisse donc ma diligence devant un café et visite les lieux avec un temps un peu plus clément qu'à Mariana...



En direction d'Ouro Branco, via une jolie route bien vallonnée, je croise Rafaela et Antonio. Ils font des guides sur le Brésil spécialement conçu pour le voyage à vélo. Ils reviennent régulièrement sur les lieux pour des mises à jour. On échange nos expériences pendant un moment entre bruine et éclaboussures de camions. Antonio à fait un tour du monde à vélo dans les années 70, bien loin de mon monde connecté, de Whatsapp et autres applications GPS... Respect Monsieur !

- C'est avec ce vélo que tu as fait tous ces kilomètres ?? Mais il est tout neuf !! Me lance-t-il.

- Non non, simplement lavé par les averses depuis trop de jours déjà...

Leur site est très bien fait, avec des vidéos explicatives de chaque lieu : www.olinto.com.br

Congonhas



      Le lendemain, le soleil est enfin de la partie pour la troisième ville. C'est ici un endroit spécifique plutôt qu'un village. En premier lieu, six chapelles contenant les scènes de la vie du Christ puis un escalier sur lequel sont dressé 12 sculptures tenant chacune un des 12 anciens testaments. Enfin, sur son promontoire, l'église Bom Jesus.


J'aime beaucoup l'endroit, il y a peu de monde et faut avouer que le soleil m'a quand même bien manqué !


Rio de Janeiro


      Trois jours de vélo me sont nécessaires pour arriver à Rio. Le dernier est d'ailleurs bien compliqué, une monté d'une quarantaine de kilomètres, j'avais prévu d'arriver le lendemain mais à 30 kilomètres de la ville, les stations services ont le même refrain : il n'est pas possible de poser la tente. J'essuie 5 ou 6 refus catégoriques et me résous à contacter Alanderson pour savoir si je peux arriver le soir même chez lui.

Je ne traîne pas, mes phares ont rendu l'âme il y a peu, je veux éviter d'arriver de nuit.

Bien parti niveau timing, la police m'empêche de passer dans un tunnel ce qui m'oblige à faire un détour mais j'arrive sans encombre, lampe frontale sur la tête devant chez mon hôte.

En rendez-vous (il est kiné), je patiente devant chez lui, dans un café. Le hasard fait que je me retrouve à m'asseoir à la table voisine d'un français. Jeff est tombé amoureux du Brésil il y a quelques années et revient régulièrement ici en espérant un éventuel visa permanent.

Quant à Alanderson, lui, en plus d'être kiné est un ancien voyageur à vélo qui avait rencontré Marta et Julian (couple de Buenos Aires mainte fois évoqué) lors de son passage à la capitale Argentine. Il souffrait alors de l'hantavirus, un virus qui s'attrape via l'inhalation d'odeur d'excréments de souris. Un virus extrêmement nocif, les médecins lui parlait de 20% de chance de s'en sortir...

7 ans après, il est toujours là, après Buenos Aires, il a continué la route vers l'Ouest Argentin, puis Santiago pour descendre jusqu'à Ushuaïa. On se raconte nos expériences, cartes à la main et sourires aux lèvres...

À l'origine, je comptais rester 3 ou 4 jours à Rio. Malheureusement, le ciel pourtant superbe ces derniers jours, tourne à l'orage. Je trouve ça dommage de ne pas aller au fameux Corcovado ou à la scintillante Copacabana sous un beau soleil. J'ai le temps, j'attends...



Du foot jusque au fond des urinoirs...


Alan a pas mal de temps libre, il me fait visiter les différents quartiers de la ville, les plages, les maisons de ces amis, les parcs et les bars à Cachaça (alcool local)... Sinon le manque de vitamine D qu'aurait pu m'envoyer notre astre, je ne manque de rien.

Maison de la Cachaça / Flamengo vs Bahia au bar...

Le vendredi soir, dans l'euphorie de la libération de Lula libéré dans la journée, nous passons la soirée dans le quartier animé de Lapa et finissons la soirée dans un bar/boîte qui était un musée et qui a gardé son écrin d'origine...



   
Deux salles, deux ambiances...

Recherche : Deux délinquants, un aillant volé un livre, l'autre une salade... Aperçu pour la dernière fois tout près du quartier de Lapa à 5h du matin !

Les jours à Rio sont, au mieux, des nuages bas, au pire des trombes d'eau. "T'inquiètes pas, c'est jamais plus de trois jours" me rassure Alanderson. Mais les trois jours passent, plus quelques autres et je n'aperçois toujours pas plus que le bout des pieds du Corcovado. Mon hôte me regarde et me dit "Tu sais pourquoi hein?"... Je baisse la tête...

Malédiction

      En fait, le jour de mon arrivée à Rio et juste avant de passer le col marquant la fin des 40 kilomètres de montée, j'aperçois sur le bord de la route ça :


Youpi, des fruits abandonnés sur le bord de la route ! Je fais le tri, rends aux fourmis les fruits vraiment moches, conscience écolo, je récupère l'assiette en plastique et deux trois pièces qui traînent dedans (genre 10 centimes d'euros).

Je ne me pose pas plus de questions que ça, dans la descente, des vendeurs de fruits, je fais le rapprochement en me disant que c'est peut-être l'un d'eux qui a déposé mon butin la veille...

Arrivé chez Alan et parce que tout le monde ne partage pas mon excès d'enthousiasme à l'égard des fruits (et autres merveilleux trésors) trouvé sur la route, j'y dis tout content que j'ai plein de fruits mais que je les ai trouvé par terre. Il me regarde, septique et me dit :

- Ils étaient dans une assiette blanche ?
- Oui, je l'ai d'ailleurs ramassé car c'est du plastique. Dis-je fièrement.
- Et il y avait une bougie ?
- Non pourquoi ? Il y avait trois pièces de monnaie...
- Tu as pris les fruits d'une offrande...

On éclate de rire, même si je ne crois bien évidement pas en ce genre de choses, (en plus du fait que de gaspiller de la nourriture dans un pays aussi pauvre m'exaspère au plus profond de moi) si j'avais su, je n'y aurait pas touché et effectivement, si les pièces de monnaie ne m'ont pas fait réagir, une bougie m'aurait certainement fait faire le lien...

Car effectivement, ces offrandes sont très répandues même si je ne les observe que dans l'état de Rio. Une vraie, une belle qui ne laisse pas de doute au petit voyageur voleur de nourriture ressemble à ça :

Une belle assiette en terre cuite remplie de nourriture avec, en son centre, bien dressée, une belle bougie. Là, ok, je comprends !

Voilà donc notre petite blague à chaque fois qu'il m'arrive un petit malheur... Tu sais pourquoi hein ? Me dit Alan...


Plage Leblon

Palace du parc Lage


Plage Leblon

Lapa 


Les jours passent, je continue ma visite sous la pluie et finalement, je monte au Corcovado certainement au meilleur moment de ces derniers jours... la chance...


Elle est belle la foule !


la plus belle éclaircie... j'ai pas mieux...

Au bout de 10 jours, je rends les armes et décide de reprendre la route. Bien dommage, cette ville a clairement son charme, la nature est à deux pas, il suffit de monter un peu dans les collines, les plages sont belles, c'est vivant, ça bouge, c'est plein d'histoire (bon, à l'échelle Sud américaine donc 300 à 400 ans)... Je pars quand même la tête pleine de bons souvenirs !

Le matin de mon départ, alors que tout est au pied de l'ascenseur, j'avance mon vélo et me rends compte que la roue est crevée... "tu sais pourquoi hein ??"

La route est compliquée, le vent de face, la pluie, si j'ai eu la meilleure demi-journée des 10 derniers jours pour monter au Corcovado, j'ai clairement choisi la pire pour partir...


Sepetiba

      70 kilomètres plus tard, j'arrive à Sepetiba. Alanderson y a grandi, je rejoins sa maman et son frère qui y vivent toujours.

La journée à donc été compliquée, je suis trempé, j'ai froid et j'avoue rêver d'une maman pour m'accueillir et prendre soin de moi.


Aurenir est parfaite dans son rôle, elle me propose dès mon arrivée des haricots avec de la viande hachée. Je prends une douche bien chaude, me réchauffe avec son plat. Je fais plus ample connaissance avec Jonathan, le frère d'Alanderson (qui lui ressemble énormément) et Renato, son meilleur ami. On boit quelques bières, parlons pas mal et ils m'invitent à me suivre à l'anniversaire d'un bébé à des amis à eux qui a 1 an. Le premier anniversaire est particulier pour les brésiliens et font les choses en grand.

Une centaine de personnes, boissons et nourriture à volonté, jeux gonflables, animateurs...

Les garçons danseront jusqu'à 1h du matin, un brin éméchés, de mon côté, minuit passé, comme Cendrillon, je me suis éteint, totalement crevé de ma journée...

Bresilian style...

Le samedi, le soleil est enfin là, j'apprendrai qu'il aura fait beau une demi-journée à Rio ! Alan arrive en fin de matinée, m'amène faire le tour de la ville dont il connaît énormément de monde et nous retournons à la maison pour manger et boire autour d'un Churrrasco (barbecue) à la santé des 29 ans de Jonathan.


Le dimanche, bien reposé et de nouveau sous les nuages, nous faisons quelques bricoles pour Aurenir, montons des étagères, des rideaux et rangeons un peu l'étage de la maison.


Sa maman m'apprend à faire la Farofa (testé et approuvé chez Alan à Rio) et avant son départ, nous prenons des photos avec quelques déguisements trouvé un peu plus tôt dans la journée.


- Il y a une tradition, chaque Français qui passe ici, doit porter le costume de la panthère rose !
- Alan, je suis le premier Français que tu reçois ici !
- Exactement !


Puis c'est encore la pluie qui m'accompagnera jusqu'à la sortie de l'état de Rio, de nouvelles journées pas très marrantes.

Parati

      Petit passage dans le village historique de Parati malgré le mauvais temps. Des airs du Portugal et donc des villes rencontré quelques semaines plus tôt, beaucoup de touristes, je ne traîne pas...


Nouvelle piqûre de rappel concernant mon pays hôte, je pédale tranquillement sur la route. En face, vient une voiture de police, sirène à fond. Je ne comprends pas car elle n'a pas l'air d'avancer bien vite. En fait, sa vitesse est similaire à la moto qui est en délit de fuite entre la route et le bas-côté. La moto, poussée par la voiture manque de tomber plusieurs fois, les véhicules me croisent et je vois finalement la moto se renverser à moins d'une centaine de mètres derrière. De là où je suis, je ne vois plus les fuyards, peut-être avaient ils une arme, en tous cas, je vois les policiers sortir du véhicule et l'un d'eux tirer...

Même si je ne risque rien, mon petit cerveau de citoyen d'un pays sans armes (ou sans TROP d'armes en tous cas) est choqué, je file sans plus me retourner cette fois, direction l'état de Sao Paulo !



Au compteur : 29 200 kms


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