17 août 2012

Australie - WA Karratha "tout seul"... 3/4


      Entre l’article précédant (ma vie à Karratha avec GG) et le suivant (Mes aurevoirs à Karratha), il y a eu une partie bien différente, celle de Karratha « seul ». Je n’ai jamais pris le temps de faire ce récit et ce n’est que 5 ans plus tard que j’écris cet article mais cela me semble encore si clair dans mon esprit tant cet expérience était hors norme…

      Mi-décembre, GG poursuit son voyage comme il l’avait prévu me laissant seul dans cette ville de travailleurs…

Pourquoi rester ?

      À travailler 75 heures par semaine, vivant dans la voiture, nous économisons près de 1000 € par semaine… Il me reste plus de 9 mois de visa, le calcul est vite fait, j’ai 23 ans et n’ai encore jamais travaillé en France autre que des stages et travails d’été. Je vois là une opportunité de commencer la vie active avec un petit matelas qui me serait bien utile…

Départ de GG

      Les premiers jours sont un peu difficiles, à travailler comme des fous, on ne se voyait que tous les deux 24/24 avec Jérôme. En plus de ca, on savait qu’il y avait des Français dans le coin mais on ne les a jamais trouvés ni eut le temps de les chercher…

Cindy et Olivier

      Pour Noël, l’entreprise de nettoyage organise un pot, je sais qu’il y a des gens comme moi qui y travaillent (peut-être une vingtaine), j’étais avec mon chapeau de Noël à la recherche de copains ! À ce repas, il y a les chefs (australiens et vieux, soyons honnêtes) et un seul couple de Français avec qui j’accroche direct.


Plus tard, ils me montrent les fameuses douches où tout le monde va et c’est là que commence ma vie sociale à Karratha ! Je resterai très proche d’eux jusqu'à leur départ en février, ils me montrent leur petit coin de bush à l’extérieur de la ville pour dormir (bien plus tranquille que la station-service où on était avec GG pendant 2 mois).

AllMine

      C'est le nom du garage où nous travaillons avec GG, depuis son départ, les gars sont beaucoup plus ouvert et me parlent beaucoup plus. Je pense qu'involontairement et par facilité, on restait entre nous avec GG et finalement, tout ce que j’ai écrit dans l’article précédant concernant leur manque d’ouverture envers nous a énormément évolué : En BIEN !



Shelf Cleaning (l’entreprise de nettoyage)

      Avec GG, on faisait tout bien, rapidement et on rentrait plus tôt… jusqu'à ce qu’on se fasse griller un soir à être de retour au dépôt 1 heure 30 avant la fin de notre shift, petites remontrances sans conséquence car on faisait bien notre travail mais à "l’européenne", soit : rapidement et avec organisation… C’est gratuit et prétentieux comme remarque, mais je le pense totalement ! Après cet épisode, on mangeait dans les endroits que l’on nettoyait, on y prenait même nos douches ou faisions nos courses en ville (et même si quelqu’un nous voyait, c’était toléré…). Comme ça, on pouvait partir dormir directement après le travail et gagner en temps de sommeil « légalement » aux yeux de notre chef.

Maintenant, tout est différent, je suis en binômes avec d’autres personnes plus ou moins sympas, plus ou moins travailleuses… C’est un peu plus compliqué, mais la plupart des Européens font tout comme nous ! Ça reste donc tranquille et bien payé pour les moindres efforts dépensés.


Activités

      Malgré le nombre d’heures travaillées, je profite énormément de mes temps de repos. Je me mets enfin au tennis (ça fait plusieurs années que je voulais m’y mettre). Il y a des cours ouverts à côté des douches (point stratégique de nos vies de travailleurs). Je joue souvent le soir quand je ne travaille pas au nettoyage et les week-ends.


Le samedi soir, on se réunit tous sur une plage à écouter ce que j’appelle du BOUM BOUM, certain appelle ça de la musique électronique. Je commencerai malgré moi (non pas à aimer, faut pas exagérer…) mais reconnaître que tel boum boum est différents de tel autre boum boum... Bref, assez loin des hauts parleurs, on peut se parler et ça fait du bien de sortir la tête du travail…

Changement de travail !

      Les six mois légaux pour un seul et même travail arrivent à leurs termes (c’est la règle de mon visa), je cherche donc un ou des nouveau(x) travail(s)…

Pelago


      Lors d’une virée en ville pour acheter des pièces auto avec AllMine, je m’arrête déposer un CV au gros chantier du centre-ville. Deux immeubles de « luxe » où travaille quelques Français que je connais.

Pelago est le nom de l'immeuble. Il y a énormément d’employés qui vivent dans des préfabriqués, juste à côté. C’est plutôt « mal » payé : 23 dollars de l’heure (18€) contre 27 à AllMine (22€). L’avantage est que je suis nourri et logé dans un vrai lit (ouaaaaaaa !).

Le chantier fonctionne totalement différemment que les nôtres. Il y a un « conducteur de travaux » qui suit TOUS les corps de métier. Ce conduc a 26 ans, sort tout juste de ses études, n’a jamais géré d’autre chantier et c’est vraiment du grand n’importe quoi… Ils coulent des dalles qui le lendemain seront détruites au marteau piqueur, ils nous font balayer le parking, les faux plafonds tombent sur les bouches d’aération qu’ils doivent déplacer puis reboucher, ils refont 36 fois les choses par manque de connaissances et de compétences… Le chantier a déjà 18 mois de retards. Le taf est tranquille donc, un peu de menuiserie, de balayage donc et beaucoup de manutention d’objet (par pur manque d’organisation).

You’re Fired !

      Après m’être fait virer comme un malpropre dans les cerises (raconté ici) je fais fasse une nouvelle fois au libéralisme anglosaxon seulement 3 semaines après mon arrivée sur le chantier…

Il est 6h du matin, le gars encore au-dessus de ce fameux conducteur de tous les travaux fait son petit discours comme tous les matins pour dire les choses bien et moins bien des différents corps de métier. Il fini son discours et, comme tous les matins, tous les employés remplissons notre grosse gourde bleue de sirop, d’eau et de glaçons mis a disposition pour les grandes chaleurs.

Je pars ensuite travailler quand Peter (le chef des chefs donc) m’interpelle :
- Nous ne voulons plus de toi sur le chantier !
- Pardon ?
- Nous n’avons plus besoin de toi sur le chantier.
- Le chantier est en retard, il n’y a pas de raison de me virer ?!
- En réalité, tu as rempli ta gourde après mon discours alors qu’il faut la remplir avant pour ensuite aller directement travailler sans perdre de temps
- Mais tout le monde la remplie après votre discours !
- C’est bien pour ça que je vais également virer ton ami, me dit il en me montrant d’un geste de la tête Jonathan, le français avec qui j’avais commencé trois semaines plus tôt. Et demain matin, je préviendrai tous les employés que j’ai viré deux personnes pour avoir rempli leurs gourdes après mon spitch.

J’apprendrai après coup que son fils (ou son neveu, je ne sais plus) m’aurait vu assis parler avec Jonathan, un soir en attendant que l’heure passe… Si tel est le cas j’aurais préféré entendre la vraie raison car bien entendu, le lendemain, il n’a rien dit concernant le bon moment pour remplir les gourdes…

Lors d’une soirée un peu arrosée quelques semaines plus tard, on rentrera dans l’immeuble encore (et toujours) en construction. On se baigne à poil dans la piscine, faisons pipi dedans et passons profiter de la salle de sport juste à côté… Des gamins !!

Quelques mois passent et j’apprends que Peter, comme le chef de chantier se feront également viré par les chefs encore "plus chef" du chantier…

Bref, je reprends le récit du cours de ma journée. Il est 6h30 environ, je n’ai plus de travail ni de toits car, n’utilisant plus ma voiture, je l’ai « loué » à Julien, un ami à Jonathan. Je le contacte pour lui dire que j’ai besoin de la récupérer et il m’annonce que 2 gars ne se sont pas présentés à son travail le matin même. Je pars avec Jo à l’entreprise, effectivement, ils chercheraient à les remplacer, mais il faut passer par l’agence d’intérim en ville pour postuler. Retour en ville, Jo préfère peaufiner son CV, je donne le mien sur les coups de 13h, ils m’appellent à 15h pour m’annoncer que je commence demain : Vive le libéralisme…

CAPE
  
      Ce sera donc mon dernier « principal » travail, des pièces d’échafaudage ramenées des sites minier alentours. C’est une sorte de travail à la chaîne : On prend chacune des pièces, on les graisse, avec des pistolets pneumatiques, on desserre et resserre les écrous, un coup de marteau sur le boulon afin que l’écrou ne sorte pas, une touche de peinture et on passe à la suivante. Quelques fois, on va dans le parc ranger des tubes, planches et autres garde corps…



C’est pas franchement intéressant mais on a une bonne équipe de trois Français (pour changer) avec qui on partage un point commun : On est là pour économiser de l’argent pour notre futur et non pas pour le cramer en fumette et Mac Do comme le font certains.


Dump Diving

      Sur un coup de tête, on se lance dans le dump diving. En français : faire les poubelles des magasins pour manger ce qui est encore mangeable. On fait ça bien sûr plus pour le coté fun et écolo que par nécessité car on gagne chacun plus de 4000 € par mois. On fait ça de nuit, bien proprement, ne touchant pas les fruits ni les légumes… Et un beau jour, des pros du dump diving (appelé "hippies"par Mr tout le monde) rammassent tout, en plein jour sans se préocuper de rien… Notre ressource de nourriture profite au plus « démunies » et n’est donc pas gâché, c’est le principal !

Il n'y a pas que de la nourriture dans les poubelles...

Mathieu, Julien, Jo, Jessica et Jeremy



      Ce sont les principaux protagonistes de ma deuxième moitié de mon séjour à Karratha, beaucoup de tennis, pas mal de pêche au harpon, de pêche au crabe pour occuper nos fins de semaine. Je me calme sur les heures vers la fin avec « seulement » 55h, il m’arrive de donner des coup de main à l’emballage des journaux locaux mais rien de très épuisant… Moins de soirée BOUM BOUM, on préfère manger notre pêche de la journée tranquillement… Une vie qui me correspond un peu plus…

Mon Palace

Je termine avec ce qui a était notre maison puis ma maison au départ de GG. J'ai même réussi à la revendre 100 dollars plus cher que ce qu'on l'avait acheté (2100 $)... Ça peut paraître exagéré mais au départ de Jérôme, après plus d'un an et demi de dans un van puis une voiture, j'avais l'impression d'avoir toute la place du monde ! Plus besoin de déplacer les caisses de nourriture, d'ustensiles de cuisine, tout avait SA place comme dans un parfait Tetris...











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