29 octobre 2018

Amérique du Sud #23 Cordillère centrale Route 3 (Pérou)



Cusco – Abancay – Ayacucho – Huancayo – Cerro de Pasco – Huanuco

      Au programme des semaines à venir : près de 1400 kms d'une route dont le profil sera compliqué. Plusieurs allers et retours entre 4500 et 1500 mètres en plein milieu des Andes. Les passages à 1500 me font profiter d'une abondance de mangues dans mon estomac et les cols me font subir, entre autres, une violente averse de grêle accompagnée de ses éclairs très très proches (moins d'un kilomètre).


Outre la diversité des paysages, ce trajet est marqué par le fait que dans 15 jours, on se fixe un rendez-vous à Huaraz avec Jessica et Jérémy, des amis rencontré il y a 7 ans, à Karratha en Australie. Il ne me faut donc pas traîner même si je m’apercevrais vite que la distance, de part les dénivelés, il sera compliqué d'arriver dans les temps. 


Ocros

      Alors qu'il me reste encore 20 kms d'une montée de 60, il est un peu plus de 15h, je vois un petit restaurant à la sortie d'un village. Il est un peu tard pour manger, j'hésite, mais donne finalement le coup de volant :

"Bonjour, je voyage sans beaucoup d'argent, je voulais savoir si vous aviez des aliments, pain, fruits, restes de nourriture que vous allez jeter mais qui, avant, pourrait se donner à un voyageur ?? Auquel cas, je peux vous aider à balayer, faire la vaisselle ou bien éplucher des pommes de terre par exemple...

C'est l'option « pommes de terre » que choisit Rebecca, propriétaire avec Emerson du restaurant. On parle pas mal, elle me propose de rester la nuit ici, j'accepte. Le lendemain, jour de départ, alors qu'une vague de supporters politiques déferle sur le petit boui-boui pour une des plus grosses journées qu'ils ont connues (dû à un débat aillant lieu, juste à côté), ne voulant pas les abandonner en plein rush, propose à Emerson : Je ne peux pas trop traîner en chemin en ce moment, ça te semble un bon investissement que je vous aide toute la journée et en échange, tu me payes le bus jusqu'à Ayacucho ?
Pas de problème !

En fin d'après-midi, après 120 couverts de plonge, d'épluchage de patates et si j'ai le temps, de présentation d'assiette, je suis rincé ! Je me tape 7 heures de vélo tous les jours et finalement, utiliser ma tête et mes muscles pour autre chose, je me rends compte que je ne suis pas très vaillant... Après le service, sur les coups de 17h, Emerson m’amène à moto sur son lopin de terre où il cultive des arbres fruitiers (principale source de revenus du couple). On en fait un rapide tour, mangeons quelques oranges et remontons de nuit où je m'écroule de sommeil. 


Anco

      Un autre bon hasard de rencontre viendra dans le petit village de Anco où les gens me conseillent de poser ma tente sur le terrain pour la nuit. Je m'y dirige et tombe sur Jimmy, il est prof de sport et a lui aussi voyagé à vélo il y a 5 ans.

Je commence à monter ma tente entourée d'une flopée de gamin aillant échappé à la surveillance de leurs professeurs quand Jimmy revient me voir : Viens à la maison si tu veux ce soir ! Moi tout sourire, les enfants qui ne verront pas la "sainte" tente monté sous leurs yeux, un peu moins ! (oui, tous les enfants sont super fan des tentes!). 


Douche, blabla et soupe au programme de cette soirée remplie de bons moments...

Le lendemain, alors que je recommence la route bien défoncé dite « asphalté avec des trous » par les locaux, une voiture d'un parti politique s'arrête et me propose de m’amener plus haut. Durant les élections, des partisans vont promouvoir leur parti à travers les villages. Ils amènent quiconque se trouvant sur le chemin, gratuitement bien sûr contre le petit vote qui va bien (corruption, bonjour!). J'accepte volontiers et m'économise quelques crises de nerfs sur les 40 prochains kilomètres qui aurai étaient bien pénible !

Le soir à Pampas, alors que je demande de pain vieux à la boulangerie, on échange quelques phrases avec Martin qui me propose rapidement de venir dormir chez lui. Je fais la connaissance de sa famille, sa sœur et son mari, revenues du Vénézuella il y a 6 mois à cause de la crise me décrive le paysage apocalyptique du pays. Je parle beaucoup avec son père qui a une connaissance incroyable de la politique étrangère ! De Kim jung Un à Erdogan en passant par Trump et Maduro bien sûr, il m'impressionne de par ses connaissances !

Entre toutes ces montées et descentes, viens une centaine de kilomètres de faux plat montant qui me donne le sourire et une vitesse moyenne un peu moins dégueulasse ! 

Journée de merde

      En fait, c'était une matinée, même plus, un village de merde, traversé lors d'une longue descente.

À l'entrée, un taxi me dépasse pour piler juste devant moi et déposer son client. Je lui fais la morale, le gars me regarde genre « oui oui tu as raison, cause toujours... ».  500 mètres plus loin, c'est un bus qui me coupe la route ne regardant pas son rétroviseur. Pareil, je lui crie dessus sans que ça ne le touche au plus profond du cœur, il me salue genre, on est pote...

Enfin, à la sortie du village, un gamin n'aillant visiblement pas mieux à faire que jouer avec un bambou de 3 mètres qu'il laisse traîner sur la route. Je suis à une trentaine de kilomètres par heure et me dis : Il va l'enlever, il va l'enlever mais non ! Je cris « Qu'est-ce que tu fais ! », « t'es crétin ou quoi ??? », il retire sont bâton en toute hâte, me regarde la larme à l'œil sachant qu'il a fait une connerie...

Plus tard dans la matinée, un chien tentera de me morde sous le regard fuyant mais sourire aux lèvres de sa propriétaire... Je ne demande pas un seul fruit ou légume moche, mange dans mon coin et reste dans ma bulle toute l'après-midi voulant éviter au maximum de parler avec les gens...

Alors qu'il me reste encore une bonne heure de vélo, encore énervé de ses péripéties, je croise Thomas sur la route et déballe mon sac : J'en ai marre de ce pays ! Ils conduisent comme des merdes, ne sont pas éduqués et bla bla bla ! « Et bah je pense exactement pareil !» me repond-t-il ! On accroche très vite et décidons de passer la nuit à critiquer les Péruviens (non pas que ça bien sûr!).

Le lendemain, la tête encore pleine de mauvaises ondes, je décide d'utiliser les 10 soles trouvés sur la route quelques jours plus tôt (environ 2€50) pour me faire charger la bici sur le toit d'une voiture jusqu'au col 40 kms plus haut. J'ai encore triché !!

De leur côté, n'en pouvant plus d'attendre à Huaraz (sans eau ni électricité, ça n'aide pas...). On décide avec Jess et Jérem de se croiser plus tôt sur la route. Il est 13h, j'ai fini mes sandwichs et aillant vu une rando sympa au départ de là où je suis, je change les plans. 14H30, je sors de chez la police où j'ai laissé le vélo. Un sac sur le dos, je retourne quelque peu sur mes pas en voiture pour cette fameuse randonnée des trois lacs.

3 heures de route en presque 24h me sont nécessaires pour rejoindre seulement le départ de la rando (à 75 kms).

Los tres lagos

      Ce n'est donc qu'à 11h du matin que je commence enfin le trek. Le temps montagnard est à son habitude très changeant, du soleil à la grêle, je passerais en 5 heures de temps par toutes les saisons.


À l'origine, je comptais faire l'allée et retour dans la journée, je m'aperçois vite que ce sera très compliqué. Les 25 soles qui me sont demandé sur le chemin du fait de traverser une « communauté » finiront de me convaincre de profiter de mon passage pour camper à destination.



Malgré les nuages, c'est certainement le plus bel endroit où j 'ai posé ma tente. C'est beau mais c'est froid, je n'ai qu'une partie de mes affaires pour me protéger du froid, pas de matelas, pas de polaire(s), je passe certainement la plus mauvaise nuit du voyage sur un sol gelé ! 





Le retour "véhiculé" sera également compliqué mais malgré les deux changements de taxi et les « il n'y a plus de voiture jusqu'à demain » des habitants, j'arrive en 17h à la police récupérer mon vélo et retrouver mes copains à l'hôtel de Huallanca.

Jessica et Jérémy

      Je les introduis un peu du fait de notre passé en commun. Rencontré il y a 7 ans aux toilettes publiques de Karratha (Australie) point douche stratégique des travailleurs radins lors de mon année à travailler plus de 70h par semaines et vivant dans ma voiture. C'est entre autres avec eux que je passais mes weekends entre pêche et tennis quand j'avais encore des cheveux (c'est loin maintenant!). Grace aux réseau sociaux, on est toujours en contact et tentons de se revoir lorsque nos localisations respectives sont d'un éloignement inférieur à 1000 kms (et c'est pas souvent).


Après l'auberge d'Atacama pour attendre la finale de la coupe du monde, après l'hôtel de Cusco pour attendre... heu... un caca dur ? Troisième hôtel du voyage pour profiter un peu de mes copains ! Nous passons deux jours à refaire le monde sous un temps franchement dégueu qui me fait prendre conscience que je suis bien heureux de rejoindre la côte, car la montagne et sa saison des pluies approche à grand pas !

Dernier passage dans les hauteurs et le parc de Huascaran, une dernière petite averse de neige pour au revoir et quelques éclaircies pour prendre quelques photos.





C'est maintenant une descente de près de 350  kms pour passer de 4800 m à 0 m d'altitude, direction la côte donc et l’Équateur d'ici une dizaine de jours certainement ! 

Au compteur : 14 900 kms..


Toutes les photos de l'article au lien suivant :



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